Etape 75 - Otavalo - Autour de la place du marché
Mardi 3 juillet 2018. Otavalo. Nord de l'Equateur. Un vrai miracle que l'on soit arrivés à l'heure. Quelle aventure ! Au moins onze heures passées dans le bus depuis Puerto Lopez. Mais bon voilà, on y est. Et on ne doit pas traîner si on veut pouvoir passer la frontière aujourd'hui, et arriver pas trop tard à Pasto, en Colombie. A moins qu'on ne puisse filer tout droit vers Popayan et éviter ainsi le Trampoline de la mort... On verra. En attendant, je tire le rideau de la chambre et je découvre ce paysage. Un volcan domine la ville. Cime enneigée. Dommage qu'il y ait ce poteau électrique pour venir gâcher la vue.

Léa a décidé de se reposer et de dormir un peu. En même temps, je la comprends avec ces heures de bus que nous avons additionnées. Mais bon, je m'extirpe tant bien que mal du lit, une douche rapide, et je file au-dehors. J'ai une petite heure pour visiter la ville. Eh oui, on doit encore prendre le bus de bon matin si on veut rattraper le retard pris en demeurant un jour de plus sur la côte Pacifique. Dommage pour Léa, de jolies fresques de street art m'accueillent dès la sortie de l'hôtel.

Direction le centre-ville. Il n'est pas encore huit heures et il n'y a pas un chat dans les rues. Au bout de l'avenue qui amène jusqu'à la place du marché, le cône enneigé du volcan pointe son nez entre deux immeubles. Magnifique.

Enfin, voici le fameux marché d'Otavalo. Mais à cette heure-ci, il n'y a pas âme qui vive, seulement les commerçants qui achalandent leur stand.

Sur la plaza de los Ponchos, les commerçants s'activent. Dans une heure, ce sera la cohue. Le marché d'Otavalo reste le plus important du pays, mais le grand marché aux bestiaux*** qui a lieu chaque samedi, à 5 minutes du centre, dépasse l'entendement... Dommage, nous sommes déjà mardi. Tant pis, je me contenterai du marché artisanal de la plaza de los Ponchos***.

Je laisse un moment la place derrière moi pour emprunter l'avenue qui la prolonge, en direction de la sortie de la ville. De là, on aperçoit mieux le volcan. En fait, ils sont deux : Mama Cotacachi et Taita Imbabura, représentant respectivement la mère et le père protecteurs pour les Indiens.

Plaque tournante du commerce autochtone depuis des lustres, Otavalo regorge d'hôtels et de petits restos. Le marché artisanal de la Plaza de los Ponchos*** est l'attrait des touristes. Sa vocation commerciale, Otavalo la doit à sa géographie. Les terres sur lesquelles vivent les Indiens Otavalos se situent à l'endroit où la cordillère des Andes s'affaisse, même si on reste à 2.850 mètres d'altitude.

Cette particularité géographique a permis aux Otavalos de profiter des zones tropicales chaudes, et donc de bénéficier de ressources rares et à fort pouvoir commercial comme le coton, la coca, sans oublier le sel dont la terre de Salinas regorge.

A la fin du XVIe siècle, les Espagnols, qui avaient supplanté les Incas, se rendirent maîtres de la filière coton, et sous forme de tribut, utilisèrent la main-d'oeuvre otavalo pour tisser des vêtements.

C'est ainsi que naquit le commerce de tissu qui fait aujourd'hui la réputation du marché. Même si au XVIIe siècle, la communauté indienne fut contrainte de développer une grande maîtrise du tissage à raison de 14 heures de travail quotidien dans les tristement célèbres obrajes, ateliers de textile où ils étaient enchaînés à leur métier à tisser.

Dieu merci, les Otavalos ont réussi à s'extraire de leur terrible condition pour devenir ensuite d'excellents commerçants et tisserands. Leur art de tisser est si reconnu qu'ils exportent leurs tissus à travers le monde entier.





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